En 2013, Simon Lanctôt publiait Tout foutre en l’air. Carnets d’un jeune prof. Dans ce récit tenu sur une année et qui a les allures d’une chronique d’humeur, il se questionne sur sa capacité à durer comme professeur de littérature et de français au cégep. Il s’interroge sur les qualités requises pour tenir le coup et se demande s’il saura les développer avec le temps. Il examine aussi les conditions d’exercice de la profession et exprime des doutes quant à sa capacité à s’y soumettre. Ils sont relativement nombreux les enseignants qui songent aujourd’hui à décrocher après seulement quelques années d’exercice. Au primaire et au secondaire, on estime leur nombre à entre 15 et 20%. Nous ne possédons pas de données pour le collégial, mais le cas de Simon Lanctôt n’est certes pas unique. La lecture de ses carnets n’a pas été sans soulever des interrogations chez le professeur à la retraite que je suis devenu et qui continue d’accompagner ceux et celles qui aspirent à exercer cette profession. Aussi l’idée m’est-elle venue de vous proposer la tenue d’un atelier de réflexion sur ce sujet. Comment durer dans ce métier, comment devenir, sans jeu de mots, un professeur au long cours? Nous pourrions, bien sûr, aborder la question sous l’angle des facteurs liés à la personne, à la tâche ou au contexte social. Sans négliger ces motifs, je proposerais plutôt de centrer notre réflexion sur les attentes exprimées à l’égard du professeur de littérature et de français et sur leur pertinence, ainsi que sur les rôles qui lui sont dévolus et sur la manière de les jouer. Je vous propose donc d’examiner, de manière critique, les rôles de passeur culturel, de formateur et d’entremetteur, trois figures du maitre de littérature et de français que j’ai incarnées de diverses façons au fil du temps.
GOULET, Marcel (2015). Le prof de littérature et de français, un navigateur au long cours [communication], Congrès de l’AQPF, Québec, novembre.