En 1994, le ministère de l’Éducation du Québec choisissait d’inscrire l’enseignement de la littérature dans les cégeps dans une approche centrée sur la « lecture littéraire » et de l’arrimer à une pédagogie par objectifs orientée vers le développement de compétences. Quel impact cette décision a-t-elle eu sur le travail de formulation de consignes invitant les étudiants à la production de discours secondaires sur les textes littéraires? Les travaux menés depuis en didactique de la littérature sur le sujet lecteur ont-ils exercé une influence sur ce travail? Bref, où en est-on dans l’exercice de cet art de la parole didactique qu’on appelle la consigne et qui sert à lancer les travaux de diverse nature exigés des étudiants en rapport avec une expérience de lecture littéraire? Nous tenterons de répondre à ces questions à partir d’un échantillon de consignes provenant d’enseignants, de manuels, d’éditions scolaires d’œuvres et des sujets proposés depuis 1998 à l’Épreuve ministérielle de langue et de littérature. Nous soumettrons notre échantillon à un cadre d’analyse en trois volets: esthétique, rhétorique et épistémologique. Nous chercherons, d’une part, à voir ce qui, sur ces trois plans, caractérise les énoncés dans leur forme même. Nous chercherons, d’autre part, à établir dans quel type de relation esthétique les consignes inscrivent la lecture des œuvres, quel type de discours elles invitent à tenir sur elles et dans quel rapport au savoir elles engagent le lecteur.
GOULET, Marcel et Marie-Pierre TURCOT (2016). L’art de la consigne chez les professeurs de littérature des cégeps du Québec [communication], 17es Rencontres des chercheurs en didactique de la littérature, Lyon, France, juin.