2022


5e Journée d’étude du LIREL

Enseigner la littérature au collégial : comment donner à lire l’altérité?

13 janvier 2022 – en ligne

Descriptif complet

8h45 : Mot de bienvenue : Karine Cellard

9h-9h45 : Karine Cellard et Marcel Goulet, « Qui est cet Autre à qui nous proposons de faire l’expérience de la littérature? » [lien vers l’enregistrement]

L’expérience de la lecture littéraire en est une de rencontre avec l’altérité : altérité de langue, d’imaginaire, voire d’idées ou de valeurs entre une œuvre et le lecteur ou la lectrice qui la reçoit et l’interprète, souvent en un autre temps, en un autre lieu. En classe de littérature toutefois, où la rencontre a lieu à l’initiative et sous la médiation d’un.e professeur.e, l’altérité surgit aussi sous la figure de l’étudiant.e, destinataire incontournable, parfois insaisissable, de l’expérience proposée. Sous forme de conversation et d’allers-retours entre réflexion théorique et pratique enseignante, Karine Cellard et Marcel Goulet interrogeront l’écart qui sépare le sujet lecteur postulé (forgé par la théorie, la critique ou la didactique de la littérature) et le sujet lecteur réel (façonné par le social et la culture ambiante). Leur hypothèse est qu’il existe là un fossé qui expliquerait en grande partie les malentendus et incompréhensions cristallisés par les quelques cas très médiatisés de confrontation entre professeur.es et étudiant.es autour de la mise au programme d’œuvres ou de l’étude de sujets dits sensibles, activités désormais parfois redoutées.

9h45-10h : pause

10h-10h45 : Benoît Melançon, « Enseigner Candide en 2022 ? Oui, évidemment, mais… » [lien vers l’enregistrement]

L’actualité récente a obligé plusieurs enseignants à s’interroger sur les textes que, jusque-là, ils mettaient au programme sans se poser de questions; cette réflexion est bienvenue. Certains ont voulu profiter de l’occasion pour faire retirer des œuvres des listes de lecture; cela est inacceptable. Pour réfléchir à ces deux sujets — le retour réflexif légitime et nécessaire, la censure —, je partirai de mes expériences d’enseignement de Candide, le conte de Voltaire. En quarante ans de profession, ai-je appris quelque chose ?

[PowerPoint de la présentation]

10h45-11h : pause

11h15-12h00 : Stéphane Martelly, « Quand les “autres” sont nos élèves. Enseigner la liberté en période de remise en cause et de réclamation »

Depuis quelques années, un questionnement profond et nécessaire traverse le milieu des études postsecondaires au Québec. Dans la foulée des grands mouvements contemporains de droits civiques qu’ont été Black Lives Matter / La vie des Noir.e.s compte et #MeToo / #MoiAussi, il n’est plus possible d’enseigner – si cela l’a jamais été – en évitant de se poser la grande question de l’égalité. En replaçant le tapage médiatique sur les affaires autour du mot N dans leur contexte et surtout dans le cadre souvent oublié de la relation pédagogique, je tenterai une réflexion sur ce que la littérature permet quand elle est pensée dans une perspective d’émancipation et de libération.

[Bibliographie]

12h-13h30 : Pause dîner

13h30-14h15 : Michel Nareau, « Éprouver la perspective féministe. Travailler en classe avec Mines de rien » [lien vers l’enregistrement]

Les débats âpres sur la liberté d’expression font écran, il me semble, à deux enjeux qui m’apparaissent fondamentaux pour la transmission des savoirs; celui de la représentativité et celui du renouvellement des connaissances transmises (notamment autour du corpus, dans le domaine littéraire). Pour ma part, il me semble essentiel de revaloriser tant dans l’histoire littéraire que dans la classe, la parole des autrices. Dans mon cours 104, axé sur le genre essayistique, sur la communication orale, sur la nécessité de lier la littérature aux disciplines apprises par les étudiant.e.s, je fais travailler ceux-ci et celles-ci sur le recueil de chroniques féministes Mines de rien d’Isabelle Boisclair, de Lucie Joubert et de Lori St-Martin, et ce, dans le cadre d’exposés oraux qui laissent une large place à leur expérience personnelle. Dans cette présentation, je veux questionner cette démarche, signaler ce que ça implique de l’initier alors que je suis un prof, blanc et hétérosexuel de surcroît, et surtout m’attarder à la dynamique que l’exercice révèle en classe, tant dans les interactions entre étudiant.e.s qu’entre eux et elles et moi.

[PowerPoint de la présentation] [Place des femmes dans les oeuvres enseignées au cégep Édouard-Montpetit]

14h15-14h30 : pause

14h30-15h15 : Louis-Karl Picard-Sioui et Jean-François Létourneau, « Regards croisés sur l’enseignement des littératures des Premiers Peuples » [lien vers l’enregistrement]

Les publications se multiplient depuis quelques années et les littératures des Premiers Peuples sont de plus en plus intégrées aux programmes et aux cours de littérature à travers les établissements d’études supérieures de la province. La réception de ces œuvres littéraires et la façon qu’elles sont enseignées soulèvent des enjeux éthiques et politiques.

L’écrivain d’origine wendat Louis-Karl Picard-Sioui, cofondateur de l’organisme de diffusion Kwahiatonhk! et directeur du Salon du livre des Premières Nations, ainsi que l’enseignant et spécialiste des littératures des Premiers Peuples, Jean-François Létourneau, échangeront sur les défis inhérents à l’enseignement des littératures des Premiers Peuples.

[Bibliographie]