Marcel Goulet s’interroge, dans cet article, sur la relation qu’entretiennent les textes singuliers, construits par les lecteurs au fil de leur lecture, et le texte commun, fruit d’un travail collectif et influencé, bien souvent, par la reconnaissance de l’interprétation véhiculée par l’institution littéraire d’une œuvre particulière. Pour mener à bien cette réflexion, il fait part d’une expérience de lecture de L’Avalée des avalés de Réjean Ducharme, menée en classe avec des étudiants de première année d’études collégiales. Avant même d’entreprendre l’étude du roman, les étudiants ayant à peine commencé leur lecture, Goulet leur a demandé de réécrire l’incipit de L’Avalée des avalés, puis d’exposer les films intérieurs qu’ils avaient produits durant la lecture, en décrivant le lieu de l’action, le personnage, etc. Il leur a ensuite demandé d’expliquer leur compréhension du roman et de déceler des pistes pour la lecture. L’expérience dont cet article rend compte montre bien que chaque lecteur construit sa version singulière du texte donné à lire et invite à repenser le travail collectif d’interprétation mené en classe.
GOULET, Marcel (2011). « Textes singuliers et texte commun », dans Catherine Mazauric, Marie-José Fourtanier et Gérard Langlade (dir.), Le texte du lecteur, Bruxelles, Peter Lang, p. 65-75.